Vivadour par monts et par veaux
En créant Juviveau productions avec le négociant Bidegain et le chevillard Maison Jucla, Vivadour offre à ses adhérents une filière d'élevage intégrée.
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Depuis quatre ans, le groupe Vivadour travaille à la création d'une véritable agrochaîne avec la filière bovine locale, à l'image de ce qu'il a déjà mis en place, avec succès, pour ses productions de volailles et les palmipèdes gras. De 17 500 têtes de bovins collectées en 2013-2014, l'activité est passée à 20 500 têtes en 2014-2015, soit + 17 %.
Afin de consolider également son activité « veaux gras », un rapprochement a été mis en place avec le négociant en bétail Bidegain, au Pays basque, qui sélectionne les petits veaux de trois semaines en amont, et la Maison Jucla, chevillard qui abat à Saint-Gaudens (Haute-Garonne), et qui se charge des débouchés d'aval. Cette association de trois opérateurs complémentaires a abouti à la création de la société Juviveau productions il y a quatre ans. « Notre objectif était d'assurer toute l'année l'approvisionnement de la Maison Jucla, en veaux de qualité constante, pour répondre à la demande de ses clients bouchers traditionnels », explique Brice Lacaze, responsable de la filière bovine chez Vivadour. Juviveau productions collecte en moyenne cent trente-cinq veaux par semaine, mais elle pourrait en écouler une vingtaine de plus et cherche à recruter de nouveaux éleveurs.
70 € par tête sans les primes
L'activité des éleveurs est entièrement intégrée et sécurisée. Ceux-ci sont sûrs de vendre leur production à un prix fixé à l'avance. Les veaux de races à viande sont sélectionnés dans toute la France et en Espagne par la société Bidegain, puis achetés par Vivadour qui les confie aux vingt-cinq éleveurs adhérents du Gers et des Pyrénées-Atlantiques qui ont rejoint la démarche Juviveau. La coopérative leur fournit également le lait haut de gamme, qui permet d'obtenir des veaux de qualité. Les éleveurs les nourrissent et les soignent jusqu'à ce qu'ils aient atteint cent quarante jours, soit environ 160 kg de carcasse. Une durée d'élevage qui représente un bon compromis entre le temps de travail (environ cinq heures par jour), les charges et la rémunération. Les éleveurs sont payés 70 € par veau, auxquels peuvent s'ajouter 15 à 25 € de prime pour la qualité. Pour Patrick Mieyaa, éleveur à Bernadets (Pyrénées-Atlantiques) et céréalier sur 34 ha, cette activité est devenue la principale source de son revenu. « Je produis deux bandes de veaux par an, soit environ trois cent soixante, témoigne-t-il. C'est une production délicate, qui demande beaucoup d'attention et de savoir-faire, mais elle est rémunératrice. » Marie Sartor, technicienne chez Juviveau, passe au minimum une fois par semaine dans chacun des élevages, voire deux fois lorsque les veaux viennent d'arriver. La société dispose d'un potentiel de quatre mille places chez ses éleveurs, qui sont toutes utilisées aujourd'hui.
Valoriser abats et cuirs
Les veaux sont ensuite transportés vers l'abattoir de Saint-Gaudens par Juviveau, puis sont livrés par la Maison Jucla à ses clients bouchers traditionnels haut de gamme. L'entreprise travaille avec un grossiste à Paris et des boutiques en direct dans le sud de la France. Partenaire du syndicat de la boucherie de la Haute-Garonne, Maison Jucla vend ses produits dans 80 % des boucheries traditionnelles du département. La viande est vendue sous la marque « Veau du Louchébem ». Un kit de PLV (publicité sur le lieu de vente), avec certificat d'origine des bêtes, a été conçu pour permettre aux consommateurs d'identifier facilement le produit en magasin. « Nous mettons aussi en place une filière de valorisation des abats, par le biais d'une triperie toulousaine qui s'est lancée dans les plats cuisinés », précise Franck Jucla, gérant de Maison Jucla. La prochaine étape pourrait être la valorisation des cuirs des animaux, mais de nombreux paramètres restent encore à maîtriser.
Florence Jacquemoud
Le veau est devenu la principale activité de l'exploitation de Patrick Mieyaa et rapporte plus que les céréales. Marie Sartor, technicienne Juviveau, passe voir l'élevage une fois par semaine.
F. JACQUEMOUD
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